Blonde délicate et désaltérante

Depuis l’avènement, dans les années 1840, d’une technique permettant de sécher le malt sans le surchauffer, évitant ainsi une torréfaction des grains, les bières blondes charment la planète entière. Nous pouvons affirmer hors de tout doute que cette famille de bières, axée sur la blondeur immaculée de son orge et des douceurs qu’elle partage, est la populaire partout où la bière coule à flots.

Les pays créateurs de styles et cultivateurs d’ingrédients possèdent tous des dénominations propres à leur douce blonde fétiche. Cependant, plusieurs liens existent du point de vue gustatif entre ces styles dorés aussi scintillants que désaltérants. Sans exception, ces blondes sont à consommer aussi fraîches que possible, la fraîcheur étant la clé du déploiement de leur savoir

La classification et les descriptions suivantes proviennent des livres Les saveurs gastronomiques de la bière, Le goût de la bière fermière et Les paradis de la bière blanche, de David Lévesque Gendron et Martin Thibault.

Cream Ale

Dominantes 

Les malts d’orge dominent habituellement le profil de saveurs de leurs angles subtilement miellés.

Particularités

Plusieurs brasseurs québécois indiquent « Cream Ale » afin de dire qu’une bière est poussée avec un mélange d’azote et de gaz carbonique, au lieu de la méthode habituelle (seulement au gaz carbonique). C’est pourquoi il est possible ici de retrouver plusieurs bières de couleurs et de saveurs diverses sous cette appellation. L’azote ayant pour effet d’aplanir l’effervescence d’une bière (comme la Guinness, par exemple), il en découle une impression crémeuse en bouche, d’où le nom.

Cependant, le reste de la planète a un type de bière bien précis en tête lorsque le terme « Cream Ale » est mentionné. C’est en quelque sorte une Golden Ale avec quelques sucres résiduels en évidence et un houblonnage plus discret; juste assez pour équilibrer la finale. Parfois, on parle même d’une bière hybride, lorsqu’une période de maturation à basse température (comme pour une lager) suit une fermentation à température haute (comme celle d’une ale). À noter que certains exemples peuvent être conçus avec quelques malts caramélisés, conférant une teinte presque ambrée au produit fini

Dortmunder

Aussi connue sous les noms de : Dort, Export
Dominantes

Ses saveurs de malt d’orge rappellent le miel et le pain perdu, surplombant une amertume de houblon modérée

Particularités

Ce style plus rare que la Helles et la Pilsener en Allemagne possède généralement un taux d’alcool plus élevé que ses comparses de la même famille. Cependant, force est d’admettre que peu de caractéristiques gustatives la distinguent d’autres lagers du même acabit, à part une légère prépondérance maltée et des tonalités d’alcool plus marquées.

Dry

Lorsqu’une brasserie industrielle utilise ce terme, elle veut a priori faire référence à l’impression à la fois moins sucrée et sans arrière-goût que la bière laissera en bouche. Cependant, cette désignation ne fait référence à aucun style en soi. Les Molson Dry de Molson Coors Brewing Company et Asahi Super Dry de Asahi sont typiques.

Golden Ale

Aussi connue sous le nom de : Blond Ale
Dominantes

Des saveurs de céréales légèrement miellées sont décorées de houblons polis, peu amers.

Particularités

Voici une bière grand public dans la majorité des cas. Omniprésente en Amérique du Nord, presque toutes les brasseries en ont une afin de répondre à la demande d’une bière facile à boire ressemblant aux bières industrielles. Quelques variations sont possibles lorsque des ingrédients particuliers sont utilisés (des cultivars de houblons anglais, par exemple, ou des malts issus d’une malterie typée), mais règle générale, ce type de bière a pour objectif de désaltérer, sans plus.

Une exception notable est la Golden Ale servie en cask au Royaume-Uni. Cette dernière se veut la bière estivale ultime. Son objectif est aussi de désaltérer, mais elle le fait tout en ayant un impact gustatif plus relevé. Bien qu’elle soit souvent très légère (entre 3 % et 4,5 %), elle déploie fréquemment une amertume citronnée marquée, employant parfois même des cultivars de houblon américains

Helles

Aussi connue sous les noms de : Münchner Hell(es), Helles
Dominantes

Axée sur le malt d’orge (saveurs fraîches de pain et de céréales) et un houblon noble herbacé (comme le Hallertau ou le Tettnang) utilisé parcimonieusement, c’est une lager toute en douceur, moelleuse.

Particularités

Elle est moins houblonnée et amère que la Pilsener, mais tout aussi raffinée dans le déploiement de ses saveurs simples. Sa gazéification est ample, mais généralement moins piquante que celle de la Pilsener. Sa finale demeure plutôt sèche, malgré le corps moelleux qui la précède. Elle est délicate, telle une pâte feuilletée…

Kölsch

Dominantes

Ses malts Pilsener offrent des nuances légèrement miellées aux côtés d’un fruité subtil. Ses délicats houblons herbacés percent les saveurs de céréales à l’occasion. À l’aveugle, on dirait une lager nette, croustillante et effervescente. C’est pourtant une bière de fermentation haute!

Particularités

Le terme « Kölsch » est une appellation d’origine contrôlée. Outre son caractère moins houblonné que celui de sa blonde rivale qu’est la Pilsener, cette bière se distingue aussi par ses levures à fermentation haute lui prodiguant une subtile touche fruitée que l’on ne retrouve pas dans les lagers blondes du même pays. La Kölsch subit toutefois une période de repos à froid (lagering) afin d’affiner son caractère. C’est pourquoi plusieurs la désignent comme une bière hybride : elle fermente à des températures élevées typiques des ales, puis est longuement conditionnée à froid comme des lagers.

Traditionnellement servie d’un baril de bois et gazéifiée de manière naturelle, la Kölsch est souvent l’ombre d’elle-même en version embouteillée. Comme une baguette de pain récemment sortie du four, cette bière doit être consommée peu de temps après sa mise en disponibilité afin de percevoir toute sa fraîcheur ainsi que les subtilités de son conditionnement. Les petits verres-éprouvettes de 200 ml (les Stange) dans lesquels elle est servie maximisent l’aspect fraîcheur puisqu’il est très difficile pour un si petit contenant de trop se réchauffer avant qu’on n’ait terminé la bière.

Light Lager

Cette désignation fait référence à une version plus légère de la Pale Lager ou Premium Lager d’une même brasserie, souvent industrielle. On obtient donc une lager peu dispendieuse, frôlant l’insipidité. Des exemples populaires incluent la Bud Light de Anheuser-Busch InBev ainsi que la Coors Light de Molson Coors Brewing Company.

Pale Lager

Comme pour le précédent, ce terme est somme toute générique et désigne une bière de fermentation basse qui ne tente pas de reproduire des flaveurs ou des méthodes de brassage traditionnelles comme celles de Pilsener, Helles, etc. En général, de grandes brasseries industrielles conçoivent ces produits. Il n’est pas rare qu’une bière de cette désignation soit conçue à partir d’un assemblage de malts et de sirops sucrés, des concentrés provenant de sources de sucres fermentescibles pauvres en saveurs et en raffinement. Les Labatt Bleue, Budweiser et Corona de Anheuser-Busch InBev en sont des interprétations représentatives.

Pilsener

Aussi connue sous les noms de : German Pils, Pilsener allemande, Pils, Pilsner
Dominantes

Ses houblons herbacés et amers (comme le Tettnang, le Hallertau ou le Saaz) s’adjoignent à des céréales aux notes de paille. En bouche, la Pilsener est sèche, pétillante et nette.

Particularités

En République tchèque, une seule bière, la Pilsner Urquell, porte ce nom; c’est une marque et non un style… Voir la fiche sur les Světlé Ležák pour de plus amples informations.

Chez les Allemands cependant, on parle d’un style. Plus sèche que la version tchèque, elle se veut souvent un produit de luxe, embouteillée en plus petit format que les 500 ml omniprésents. Les Pilseners industrielles nord-américaines font quant à elles rarement honneur au style avec leur amertume très limitée et leurs nombreux adjuvants. Le terme « Pilsener » est d’ailleurs souvent usurpé par les brasseries industrielles afin d’octroyer une aura de qualité à un produit anodin.

À noter que la variété de malt d’orge Pilsner, la plus pâle sur le marché, constitue souvent la seule céréale utilisée dans la bière de type Pilsener.

Premium Lager

Un terme assez générique utilisé pour une lager blonde qui ne vise pas nécessairement un style particulier, ou qui n’émule pas non plus les méthodes traditionnelles spécifiques. Parfois, le terme « Premium » signifie que la bière est « pur malt »; elle ne contiendrait donc pas de sucres rajoutés, comme il est coutumier pour les Pale Lager ou Light Lager des brasseries industrielles. Les Stella Artois de Anheuser-Busch InBev et autres Heineken constituent des exemples typiques.

Světlé Výčepní

Aussi connue sous les noms de : Desitka ou Světlé 10
Dominantes

Le malt d’orge propose des notes de céréales fraîches, légèrement miellées, aux abords d’un subtil houblon herbacé (le Saaz, dans ce cas-ci). Le corps est relativement aqueux et la gazéification, piquante.

Particularités

Le malt produit à partir de l’orge Hanka de Moravie donne une certaine rondeur en bouche que d’autres malts blonds n’ont pas. Donc, même si cette bière est légère (souvent entre 3 % et 4 % d’alcool), le profil malté est souvent identifiable.

Contrairement aux croyances populaires, ce n’est pas la Světlé Ležák (la soi-disant Pilsener tchèque, si vous préférez) qui est le type de bière le plus populaire en République tchèque. Le volume de Světlé Výčepní consommé excède de beaucoup toute autre dénomination brassicole en Tchéquie; c’est la bière indiquée pour les fêtes entre amis, les joutes sportives, etc.

Contrairement aux lagers légères industrielles que l’on connaît, cette version légère de la blonde tchèque est issue d’excellents ingrédients et de méthodes de brassage qui respectent la tradition de la région.

Světlý Ležák

Aussi connue sous les noms de : Bohemian Pils/Pilsener/Pilsner, Dvanactka, Lager bohémienne, Pilsener tchèque, Pilsener bohémienne, Světlé 12
Dominantes

Herbacé et légèrement mentholé, le houblon Saaz aromatique et doucement amer évolue dans un malt d’orge tchèque on ne peut plus douillet aux flaveurs de pain, de miel et, parfois, de foin.

Particularités

Voici la « Pilsener tchèque » que la planète entière connaît. C’est une version plus goûteuse, mais tout aussi rafraîchissante que la Výčepní de la fiche suivante.

Les versions non filtrées ou refermentées en barils (Nefiltrované ou Kvasnicovy, respectivement) sont souvent plus vives et fraîches que leurs homologues embouteillées et filtrées qui sont souvent des émules de la sempiternelle Pilsner Urquell.

N’OUBLIE PAS QUE LA MODÉRATION A BIEN MEILLEUR GOÛT !
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