La Terre à Boire, le Presbytère et le Temps d’une Pinte sont l’incarnation d’un développement axé sur le terroir. Les trois broue-pubs ont fait la transition vers des ingrédients locaux en misant sur la coopération avec des producteurs du Québec.
Cette publication fait partie d’une série d’articles mettant en valeur les finalistes du gala de l’AMBQ 2023. Ces trois brasseries étaient nominées pour la catégorie “Diffusion des matières premières du Québec”.
Ce n’est pas la mer à boire, mais bien la Terre à Boire : une ferme brassicole qui a fait l’audacieuse transition de l’élevage au maltage.
Samuel, le brasseur propriétaire de la Terre à Boire, est fier de ses racines et ne s’en cache pas. La famille occupe les terres depuis trois générations. Quand est venu son tour de prendre les rênes du petit domaine, Samuel ne voyait qu’une seule option : faire un virage biologique complet. La transition s’est amorcée en 2012 avec la certification Écocert accolée à tous les produits de la ferme. En 2016, la graine de la brasserie est plantée pendant une soirée bien arrosée. Pourquoi ne pas brasser nos propres grains? Finalement, la brasserie éponyme ouvre ses portes en juillet 2021.
Terre à Boire offre donc un menu distingué de bières fermières ainsi que des spiritueux artisanaux, tout ça malté à partir de leur propre grain. Les aromates du gin, des bourgeons de cèdre et bien sûr du genévrier, sont cueillis à même les boisés de la terre.
Quatre-vingt-quinze pourcents des ingrédients proviennent des terres. La ferme fait pousser l’orge, l’épeautre, le maïs, le sarrasin et bien sûr du houblon. Par contre la céréale n’a pas le monopole de la terre. On trouve aussi dans les rangs de ferme brassicole un étrange petit arbre fruitier appelé aronia.
L’aronia, un arbuste indigène de l’est de l’Amérique du Nord, a été introduit au début du XXe siècle en Europe de l’Est, en Asie, en Scandinavie et en Russie. Cet arbuste, atteignant une hauteur de 1 à 2 mètres et une largeur de 1,5 mètre, présente des fleurs blanches regroupées en corymbes de 6 à 12 fleurs, avec des anthères roses. Bien que son taux de croissance soit relativement faible, ne dépassant pas 30 cm par an, il se distingue par des racines peu profondes, fines et fibreuses, facilitant ainsi son processus de transplantation.
Le Presbytère, c’est un broue-pub, un restaurant, une auberge et un traiteur, un véritable petit village commercial lié par le couple joliment passionné de Isabelle et Francis. Dans le service de traiteur depuis 1998, les deux compères acquièrent en 2002 le restaurant du village avant de finalement acheter l’ancien presbytère en 2015. Dès le début de la microbrasserie, l’idée d’un menu forestier les taraudait.
En 2002, rappelle Francis, l’offre locale dans les menus resto était loin d’être aussi élaborée qu’aujourd’hui. Épicurienne de longue date, Isabelle souhaitait quant à elle faire découvrir l’exotisme du local aux visiteurs d’ici et d’ailleurs. C’était le mariage parfait pour un menu haut en saveurs locales.
Au fur et à mesure que le local envahissait le menu, le presbytère a tissé des liens profonds avec la communauté agricole, menant directement à de nouvelles recettes éminemment régionales. C’est en 2018 que la microbrasserie amorce de plein fouet sa transition vers les produits comestibles forestiers avec le premier d’un concours récompensant les menus axés sur les champignons locaux et autres produits non-fibreux de la forêt.
Si Francis est le maître de la brasserie, Isabelle est la cheffe de la lactofermentation. Isabelle est passée maître dans la préservation et la transformation de champignons. Les desserts aux champignons sont par ailleurs une spécialité de la maison. “On est une des seules microbrasseries qui utilisent la renouée du Japon, une plante envahissante, et ce, à la fois en cuisine et en brasserie. C’est un exemple de la bière qui sert dans la cuisine, et de la cuisine qui sert à la bière.
Le Temps d’une Pinte s’engage quotidiennement à partager une expérience ancrée dans sa communauté, proposant une cuisine bistronomique locale et saisonnière, ainsi que des bières brassées avec des céréales locales. Son partenariat avec Le Maltraiteur est un pilier essentiel de cette démarche.
Le Temps d’une Pinte se targue de sourcer 100% de son malt de base à quelques kilomètres à côté, chez le Maltraiteur. La microbrasserie de Trois-Rivières cultive ses propres épices sur le toit de son bâtiment, lequel contient aussi des ruches d’abeille. “Il n’y a rien qu’on ne fait pas sur place si c’est possible de le faire sur place, ” me dit Gustavo Navres dans une gorgée de rire.
Membre de la filière mycologique de la Mauricie, le Temps d’une Pinte co-organise l’événement MYCO avec l’organisme Champignons forestiers de la Mauricie. MYCO est un défi lancé aux restaurateurs de la région des menus exclusifs composés de champignons sauvages, de petits fruits des bois, d’herbes forestières ainsi que de gibier et produits maraîchers.
L’Association des microbrasseries du Québec célèbre chaque année les grands contributeurs et contributrices de la scène microbrassicole avec six prix touchant l’entrepreneuriat, la croissance et l’empreinte environnementale. Le gala clôture le congrès annuel, véritable lieu de rassemblement unissant les brasseries des quatre coins de la province. C’est l’opportunité de revoir de bons amis, de rencontrer des fournisseurs et de se mettre à jour sur les grandes tendances dans l’industrie grâce à un solide programme de conférences. Les microbrasseries sont libres de s’inscrire par elles-mêmes pour participer à la compétition amicale.
Rédacteur : Pierre-Olivier Bussières
Auteur du podcast Le Temps d’une Bière, producteur de Hoppy History et rédacteur en chef du média Le Temps d’une Bière.