La classification et les descriptions suivantes proviennent des livres Les saveurs gastronomiques de la bière, Le goût de la bière fermière et Les paradis de la bière blanche, de David Lévesque Gendron et Martin Thibault.
Un filet de caramel mène à une amertume polie et quelques petits fruits gentils.
En Amérique du Nord, presque tous les bistros et brasseries sentent le besoin d’en offrir une. C’est qu’elle complète bien la palette de dégustation pour les photographes en herbes, en plus de présenter une variation sur la populaire bière de soif. Délicate, parfois à outrance, elle peut être simplement conçue afin d’offrir une couleur plutôt qu’une gamme de saveurs bien précises. Elle joue toutefois habituellement sur des nuances de noisettes, de caramel, de pain toasté et de houblons subtilement feuillus.
Des malts toastés s’allongent sur quelques sucres résiduels et une amertume boisée toute menue.
Plusieurs amateurs considèrent que cette dénomination désigne tout simplement une Bitter rousse moins houblonnée. Après tout, les ingrédients sont très similaires et les méthodes de brassage et de conditionnement aussi. D’autres diront que la Irish Red Ale est tout simplement une version à peine plus foncée et caramélisée de la sempiternelle Amber Ale. Qu’à cela ne tienne, cette petite rouquine se veut toujours facile d’approche et plaisante à côtoyer.
Des céréales légèrement grillées, agrémentées de houblons faiblement épicés, dans un corps ample et plus sucré que la lager de soif typique.
Évidemment printanière, cette lager « de mars » fait référence aux derniers brassins de la saison de brassage en prévision de l’été et de ses températures trop élevées pour une fermentation contrôlée (avant l’avènement de la réfrigération, bien sûr). De nos jours, la réfrigération a réglé ce problème, mais plusieurs brasseurs allemands, et maintenant d’un peu partout dans le monde, concoctent une bière dans l’esprit d’antan, un sympathique clin d’œil aux bières d’autrefois. Ces lagers sont légèrement plus fortes que la moyenne allemande, soit au-dessus de 5 % d’alcool.
Une bière portant l’insigne « Oktoberfest » évoque quant à elle cette grande débauche ayant lieu à Munich tous les automnes. Même si ces lagers sont légèrement plus fortes en alcool que les lagers les plus populaires, elles se veulent tout de même faciles à boire. À l’origine, elles étaient concoctées à la fin de la saison de brassage (printemps) afin de pouvoir offrir une bière intéressante dès le retour des températures fraîches, plus propices au brassage.
Axée sur des saveurs de malts plus charnues (une partie de la signature des malts d’orge de Moravie), la Polotmavé tchèque se rapproche souvent de la Rousse québécoise classique. De délicats houblons herbacés chevauchent caramel et toast qui décident tout de même de la direction de chaque gorgée.
Si « Tmavé » signifie « noire » en langue tchèque et « polo » veut dire « demi » ou « moitié », on peut facilement imaginer qu’un brasseur vise tout simplement une couleur à mi-chemin entre le blond et le noir. Rien de plus scientifique, en effet. Le résultat final tire la plupart du temps sur le roux foncé, mais l’importance de la Polotmavé réside tout de même dans la gamme de flaveurs maltées désirée.
De doux malts caramélisés enveloppent quelques traces de houblon feuillu, créant une finale sucrée et peu amère.
Voici une autre dénomination stylistique qui partage plusieurs liens avec la Bitter anglaise. Certains Anglais engagés dans le monde brassicole nient même l’existence distincte de cette Scottish Ale, professant que c’est une Bitter moins amère. Peu importe; laissons cette bataille de sémantique à ceux qui jugent les styles nécessaires à l’appréciation d’une bière.
Bière délicate et rafraîchissante, ses malts légèrement grillés et caramélisés laissent un peu de place à un houblon herbacé, peu amer. Du point de vue gustatif, c’est en quelque sorte la version « lager » de l’ale ambrée présente partout.
Ironiquement, cette lager ambrée est presque absente du paysage brassicole autrichien, et donc viennois, aujourd’hui. Très populaire jusqu’à ce que les voisins tchèques inventent la Pilsener blonde, révolutionnant du même coup le monde de la bière et reléguant aux oubliettes plusieurs types de bières.
Il est franchement ardu de distinguer la Vienna de la Märzen. Cette dernière tend à être légèrement plus forte et richement maltée, mais elles sont autrement de proches cousines. En fin de compte, ce sont deux termes utilisés par des brasseries qui désirent évoquer un profil de saveurs très similaire.